(Anime Review #4)

Kuzu no Honkai est un anime adaptant le manga éponyme de Mengo Yokoyari. C’est un seinen de genre romance et drame publié de 2012 à 2018 et ayant été adapté par le studio d’animation Lerche en début 2017. Si j’ai décidé d’en parler dans cette courte critique c’est qu’il m’a beaucoup plût mais aussi beaucoup surpris.

Etymology Time!
Nom original : クズの本懐
Nom original en romaji : Kuzu no Honkai
--> クズ(Kuzu) : Insulte signifiant rebus, déchet
--> の(no) : Particule "de"
--> 本懐(Honkai) : Marque un désir profond
Traduction littérale : Désir du déchet 
Traduction officielle (EN) : Scum's Wish
Ma traduction : Vœu d'Ordure

Scum’s Wish de son nom anglais, littéralement “Vœu d’Ordure” porte bien son nom. Je pense que vous avez déjà compris au titre que ce n’est pas une romance à l’eau de rose. Et vous avez raison. En effet, cet anime nous fait suivre les aventures amoureuses de personnages plus ou moins détruits émotionnellement et prêts à tout pour assouvir leurs désirs et leurs passions, quitte à blesser autrui. Une belle bande d’enfoirés en somme. À première vue en tout cas.

“Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons.” -Sigmund Freud | ©Lerche

Pour faire un petit synopsis, grosso modo, Hanabi et Mugi, tous deux âgés de 17 ans, sont amoureux de leurs professeurs respectifs, mais craignant un amour impossible, ils choisissent de passer un “pacte” leur permettant de coucher ensemble sans pour autant désirer l’autre dans le but de s’imaginer en train de passer à l’acte avec ceux qu’ils aiment réellement. Ça pose le décor.
Sauf qu’en plus de ça, de nombreux autres personnages feront vite irruption dans la vie du “faux couple”. Que ce soit des amis d’enfance ou bien des collègues qui ont tous une vision extérieure des choses et qui n’hésiteront pas à venir foutre la pagaille, comme si ça ne suffisait pas… Un problème qui se pose typiquement quand on parle d’amour non partagé. Par conséquent, nous n’avons pas droit à un triangle amoureux, ni à un quatuor comme dans la plupart des romances basiques, mais plutôt à ça :

L’intrigue s’avoue constituée de nombreuses et tumultueuses relations croisées. source

Le scénario cache bien son jeu car toute sa complexité réside dans les interactions entre personnages. Au début, les interactions peuvent paraitre déroutantes et peu naturelles mais l’on découvre les personnalités de chacun et on finit par comprendre petit à petit les causes de cette “déshumanisation” qui pèse de plus en plus sur eux et les mènent à agir de cette manière. C’est là que tout prend sens.

Kuzu no Honkai, c’est des thèmes sensibles abordés de manière très crue mais toujours avec un minimum de tact pour rester choc sans pour autant tomber dans l’obscénité pure. Voilà, je suis sûr que vous ne vous attendiez pas à ça. Moi non plus à vrai dire…

“Les regards tuent l’amour, comme ils le ravivent.” -William Shakespeare | ©Lerche

Maintenant que j’ai présenté Kuzu no Honkai dans les grandes lignes, je vais rentrer plus dans les détails en faisant rapidement un point sur les relations entre les personnages afin de remémorer certains passages à ceux ayant déjà vu l’anime. Donc je préviens tout de suite :

ATTENTION SPOILERS

Les personnages principaux:

  • Hanabi Yasuaroka –> Amoureuse de son ami d’enfance devenu son professeur principal, Narumi Kanai. Elle conclu un “pacte” avec Mugi sans pour autant lui vouer ses sentiments. Elle n’arrivera jamais à sortir avec Narumi et se séparera de Mugi.
  • Mugi Awaya –> Amoureux de sa professeure de musique, Akane Minagawa. Il conclu un “pacte” avec Hanabi sans pour autant lui avouer ses sentiments. Il finira par se séparer de Hanabi et se retrouvera dans le lit d’Akane sans que ça ne se concrétise.
  • Akane Minagawa –> Jeune femme manipulatrice qui n’hésite pas à jouer de ses charmes pour tourner la situation à son avantage. Finit par découvrir un autre sens à l’amour en se mariant avec Narumi (à moins que tout ce qu’on ait vu à la fin soit du flan et qu’elle continue de le manipuler, mais ça on ne le saura à priori jamais).
  • Narumi Kanai –> Amoureux d’Akane, sa collègue de travail. Rejette la demande de Hanabi qu’il voit comme une “petite sœur”. Finit par se marier avec Akane, en passant outre ses défauts.
  • Sanae “Ecchan” Ebato –> N’est apparemment attirée que par les filles. Elle est secrètement amoureuse de Hanabi et finit par être rejetée par celle-ci. Elle arrive cependant à comprendre et accepter ses choix (sûrement le personnage le plus humain du lot).
  • Noriko “Moka” Kamomebata –> Amie d’enfance de Mugi et secrètement amoureuse de lui. Elle l’idéalise et se prépare à l’attendre comme le prince charmant, mais il n’arrivera jamais… On peut imaginer qu’elle possède quelques troubles psychologiques majeurs comme le laissent penser ses nombreux flashbacks et son attitude un peu déconnectée du monde.
  • Les autres personnages quand à eux ne méritent pas de description sachant qu’ils sont uniquement là pour servir au développement des 6 personnages ci-dessus.

Avis sur la fin:
La fin est vraiment peu prévisible. Et je pense que c’est elle qui a le plus divisé. Beaucoup l’ont trouvée “insatisfaisante” car elle n’offre pas véritablement d’ ”happy ending” (réflexion que je trouve idiote car la série s’annonce directement comme un drame…). J’ai personnellement trouvé au contraire que cette fin est la plus juste qui soit, car la séparation de Mugi et Hanabi marque justement un nouveau départ et montre leur volonté profonde d’aller de l’avant. C’est donc pour moi une fin pleine d’espoir qui constitue une très belle leçon de vie.

FIN DES SPOILERS
Etymology Time!
Le prénom "Hanabi" signifie "feu d’artifice".
Il provient des kanji (Hana) : fleur et (Hi) : feu
soit littéralement "fleur enflammée", un nom qui
je trouve correspond plutôt bien à sa personnalité.

Après avoir parlé du scénario et des personnages, on s’attaque au côté artistique de la chose; tout ce qui comprend la qualité visuelle et sonore de la série.

“Le parfums, les couleurs et les sons se répondent.” -Charles Baudelaire | ©Lerche

Pour le côté visuel, la chose qui ressort tout de suite c’est la magnificence des couleurs. Vraiment, elles sont éblouissantes! Et elles savent parfaitement s’adapter à toutes les scènes ! Il y a vraiment un travail fou de ce côté là. On peut par exemple noter les teintes violettes qui collent beaucoup au personnage d’Hanabi et qui servent à symboliser sa mélancolie et sa solitude. En parallèle, Mugi arbore plutôt une palette de couleurs chaudes et ternes telles que le jaune et le marron, ce qui montre sa neutralité, son attitude désintéressée.
Toutes ces questions de colorisation sont vraiment inédites à l’anime sachant que le manga est originellement en noir et blanc, bien que l’on retrouve un peu ces idées de jeux de couleurs pastelles sur les couvertures qui ont vraiment quelque chose de très beau.

©2014 Mengo Yokoyari /SQUARE ENIX

A noter aussi, la beauté de l’animation. Les expressions du visage, les cheveux au vent… ça fait toute la différence ! La seule chose que je pourrais éventuellement critiquer c’est l’utilisation quelque peu excessive de “hidden eyes“, mais ça reste un détail.

Pour couronner le tout; un opening et un ending tous deux sublimes et remplis de symboles qui s’avouent parfois difficiles à déchiffrer. Non vraiment, aussi bien au niveau sonore que visuel, ces OP et ED sont incroyables! Je vous invite fortement à regarder cette vidéo traitant très bien de la symbolique présente dans l’opening :

L’ED de Kuzu no Honkai est vraiment un coup de cœur pour moi, au point qu’il m’arrive de l’écouter en boucle. Il faut dire que la voix de Sayuri est vraiment incroyable! (elle a aussi chanté l’ED d’Erased que j’ai aussi adoré !). Sa voix ressemblait d’ailleurs étrangement à celle de Hanabi dans l’anime au point qu’au début j’ai cru que c’était sa seiyuu qui chantait… my bad. En parlant de la seiyuu d’Hanabi:

La performance vocale de Chika Anzai pour le personnage d’Hanabi est suffisamment bonne pour être soulignée et colle très bien à sa personnalité écorchée vive. Elle avait déjà su faire ses preuves en doublant Juri Yukawa de Kokkoku et Chisa Kotegawa de Grand Blue (deux animes que j’ai beaucoup appréciés au passage).
On ajoute à cela une BO très discrète mais qui arrive tout de même bien à accompagner les moment les plus poignants…

“La douleur, c’est le vide.” -Jean-Paul Sartre | ©Lerche

Kuzu no Honkai, c’est l’anime qui arrive à accomplir l’exploit de te faire adorer une histoire terriblement déchirante, et de te faire en demander encore plus. C’est l’anime qui a des choses à dire, et qui le fait bien. C’est l’anime qui arrive à humaniser les émotions qui nous éloignent le plus de ce qui fait de nous un être sensible et vrai. C’est dénoncer les pires comportements humains, dérives d’un vide sentimental, pour en un sens les sublimer.
J’arrive enfin à comprendre pourquoi il aura autant divisé. C’est typiquement du j’aime ou j’aime pas, il n’y a pas de juste milieu. Et le plus gros obstacle à surmonter pour réussir à l’apprécier, c’est parvenir à dompter ses émotions, passer outre les moments douloureux et profiter de chaque instant.

Car après tout, le fait de ressentir la douleur est bien preuve de notre humanité commune.

C’est donc ce pourquoi je vous recommande vivement de regarder Kuzu no Honkai.
Si vous voulez un drame romantique déroutant, sautez sur l’occasion.
C’est un véritable coup de cœur pour moi !

Merci beaucoup d’avoir lu cette critique. À une prochaine fois j’espère !

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